Crassus sifflotait gaiement en descendant le long de l'échelle. Une belle journée qui se terminait. Fourrant ses pognes dans ses braies il tatonna un moment avant de trouver ce qu'il cherchait, une bonne pipe en écume et une pincée d'herbe. Il eut tôt fait de la bourrer et de l'allumer. Arrêté entre deux étages, sur un toit qu'il avait réparé la veille il prit le temps de savourer sa pipe en admirant le payasage.
A ses pieds s'étendait le port, entrelac inextricable de ruelles boueuses, de canaux vaseux, et d'habitations "pieds dans la fange". Crassus était couvreur et réparait les toits d'un ensemble de batisses adossées à l'un des puissants piliers du Letzelbrück, l'incroyable pont bati au dessus de la vallée de la Rheau, à plus de trois cents pieds de haut et sur une longueur d'une demi lieue. De son point de vue Crassus pouvait donc admirer le port dans son intégralité, cerné par les falaises de l'altstadt et de la neustadt, telles deux pinces de crabes s'ouvrant de part et d'autre du Letzelbrück pour se ressérer à plus d'un lieu de là, à l'extrémité du port. A sa droite se dressait la citadelle elfique où se trouvait désormais les quartiers administratifs de Neufeldorf. Rive gauche, en face de la citadelle se dressait la colline au tertre et son étrange cercle de pierre. Entre ces falaises ce qui n'était que le delta boueux d'un fleuve était devenu en quelques siècles le grand port de Neufeldorf.
Crassus n'arrivait pas à s'imaginer cette zone sauvage, sans le grand canal drainant l'essentiel des eaux de la Rheau, sans les pierres levées* dressées les unes contre les autres sur chaque pouce de terrain sec ou presque sec, sans les quais, construits tout en longueur à l'embouchure du fleuve le long des falaises.
La lumière couchante éclairait en plein le quartier, donnant aux pierres une teinte inhabituellement chaude. Crassus aimait le soleil et sa chaleur, il se sentait comme nostalgique du pays de ses ancètre qu'il n'avait jamais connu. Petit et brun il était en celà bien différent de nombre de ses collègues blonds au teint pâle, sans parler des nombreuses créatures que l'on pouvait croiser ici, faune locale ou étrangers arpentant les quais. Le port était sans conteste le quartier le plus cosmopolite d'une ville réunissant toutes les races du multivers. Orques, nains, elfes des mers, et autres races étranges ou exotiques.
Il ne s'attarda pas sur les entrepots marchands construits sur le bord du grand canal par les familles les plus riches du port qui vivaient dans le haut port, de l'autre coté du Letzelbrück, dont faisaient parti entre autre les Sanmarcos, la famille la plus puissante du haut port. Leurs Leogriffons patrouillaient dans le ciel estival. Un autre monde, pensa-t-il, pourtant il se trouvait maintenant à quelques pas de ces palais marchands, alors que lui même vivait dans une arrière-cour sordide, noyée dans deux pieds d'eau boueuse à la moindre pluie. Mais c'était toujours mieux que les caves ou les égouts à moitié inondés où s'entassent les vagabonds et les plus pauvres des journaliers.
Finissant sa pipe il la cura rapidement d'un doigt sale, la tapota sur le bord du toit, puis entreprit de descendre de l'échafaudage. La lumière déclinait rapidement, et il ferait presque nuit avant qu'il n'atteigne le Sac'h-Gwin où il boirait une petite ale ou deux avant de rentrer chez lui.
Les venelles du port étaient peu sûres, pas plus que les canaux qui charriaient leur lot de "noyés" tous les matins, mais Crassus connaissait les passages les plus tranquilles, en bon habitué, ceux où les crapules n'attaquent pas les honnètes travailleurs car ils savent que seuls les gens du cru s'y retrouvent. Et l'on ne se tue pas entre voisins, enfin pas sans bonne raison. Il gagna rapidement le grand canal qui débutait à quelques pas de là. Il longea le canal sur plusieurs centaines de pas, se faufilant entre les dockers et les autres passants. En face de lui sur le "grand coté" les derniers voyageurs se pressaient, s'éloignant du port pour aller louer une chambre dans un quartier plus sûr, avant de visiter sûrement la ville le lendemain. Seuls les plus pauvres ou les plus stupides (ou les marins ce qui revenait souvent au même) restaient au port une fois la nuit tombée.
Il s'engouffra soudain dans ce qui ne ressemblait qu'à une maigre impasse entre deux batisses, parcourut la mince ruelle emplie de boue sans même jeter un oeil aux corps entassés, clochards plus morts que vifs puis pénetra en se penchant légèrement dans un passage en demi voute qui courait sous une ancienne batisse de pierre solide. A l'extrémité un escalier de brique permettait de regagner l'air libre, et une cour luxueuse puisque pavée et même dotée d'une fontaine presque potable. La cour était toute entière noyée dans l'ombre des batiments dont seuls les toits recevaient encore l'éclairage du soleil. Au cours de son trajet Crassus s'était petit à petit rapproché de la falaise qui dominait le quartier sur la rive droite de la Rheau, éclairée par les rayons du soleil couchant elle brillait comme un feu orangé. Crassus traversa la cour. Un mur doté d'une porte de bois pourri, branlante sur ses gonds, isolait la cour d'un canal en cul de sac. Le long d'un mur une série de planche clouées plus ou moins solidement représentaient un passage étroit au dessus du canal. En quelques pas agiles Crassus avait rejoint une autre porte, ouvrant directement sur le canal pour un oeil non averti qui n'aurait su voir la mince passerelle de bois dans l'obscurité. Il la franchit, arrivant enfin à destination, au pied de la falaise.
Le Sac'h Gwin était bien animé ce soir, un marin ivre mort avait défié un demi ogre au bras de fer, pari stupide s'il en est. La foule se rassemblait pour assister au massacre avec des hurlements joyeux d'anticipation.
Deux bandes hétéroclites d'individus patibulaires s'affrontaient du regard depuis deux tables opposées de la taverne. Quelques chopines avaient déjà été engoufrées avant de voler d'une table à l'autre, mais Luis, le patron, gardait les choses sous controle.
Crassus devina aisément de qui il s'agissait : deux équipes de Bulga Mor allaient s'affronter cette nuit et c'était Luis qui organisait ces matchs illégaux, et les paris qui l'étaient tout autant.
La soirée promettait d'être chaude.
* Pierres levées: surnom des habitations locales, plus efficaces que belles.
Mode HRP ON.
Nous sommes quelques joueurs, créateurs d'univers et/ou programmeurs qui nous sommes lancés dans un jeu PHP orienté RP qui se centre sur de la soule dans un univers fantastique. La soule étant, pour ceux qui l'ignorent, l'ancètrre médiéval du rugby, du football, et du football américain.
Comme vous pouvez le lire l'univers est en partie en place, il en est de même pour le jeu qui avance doucement mais sûrement. Nous sommes à la recherche de joueurs-testeurs (bien que traducteurs, illustrateurs et autres artistes graphiques soient aussi les bienvenus) qui seraient intéressés par ce jeu.
Le jeu sera (très) bientôt ouvert en beta public en attendant vous pouvez toujours postuler pour participer à une beta privée très ouverte, pour celà envoyez moi un MP tout simple et on en parlera.
A bientôt, j'espère.
Dim 20 Mai - 20:51
